OL: pourquoi John Textor a choisi la "machine" Michele Kang pour sortir les Gones de la crise

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Face à la crise majeure, John Textor a démissionné de son poste de président de l’Olympique Lyonnais et a laissé la place à Michele Kang. La femme d’affaires américaine possède déjà une sacrée réputation depuis son arrivée à la tête de la section féminine rhodanienne et compte désormais sortir les Gones de la crise.


Soucieux d’assurer la survie et le maintien de l’OL en Ligue 1, John Textor a choisi ce lundi de se mettre en retrait de ses fonctions au sein du club. Après avoir démissionné de son poste de président, l’Américain a adoubé sa compatriote Michele Kang pour lui succéder.

La dirigeante, figure déjà connue du paysage lyonnais, a su imposer sa “patte” sur les entités dont elle a eu la direction et notamment la section féminine, devenue OL Lyonnes, qu’elle a racheté dès mai 2023. Mais le temps presse avant l’examen par la commission d’appel de la DNCG, où Kang défendra l’avenir en Ligue 1 de l’équipe entraînée par Paulo Fonseca.

Un style qui peut faire penser à Textor… sur certains points

Arrivée dans l’environnement de l’OL en même temps que John Textor, Michele Kang fait parfois penser à celui dont elle est la voisine en Floride. La femme d’affaires possède également plusieurs traits de caractère assez proches de son prédécesseur à la tête des Gones. Pour résumer, Michele Kang est riche, très riche, mais également très travailleuse, très indépendante et très directe, d’après ceux qui la côtoient. Des qualités (ou parfois des défauts, c’est selon) qui pourraient bien aider l’OL à sortir de sa crise actuelle. Encore faudra-t-il que l’Américaine de 66 ans parvienne à se défaire de cette image de proche de John Textor qui vient pourtant de lui confier les clés du club.

“Michele est le choix idéal pour diriger l’OL dans la phase suivante et j’ai pleinement confiance en elle et en l’OL, qui sortira plus fort sous sa direction”, a salué le président démissionnaire au moment de laisser sa place à Michele Kang. Mais ce n’est peut-être pas la meilleure des recommandations puisqu’elle est signée par John Textor, l’ex-homme fort de l’OL par qui la crise est arrivée et dont la DNCG n’a validé aucune de promesses financières.

En trois auditions devant la DNCG durant son mandat à la tête du septuple champion de France, John Textor a vu ses plans être retoqués à chaque fois. Un héritage pas forcément facile à assumer devant le gendarme financier du football français.

Kang risque de perdre beaucoup d’argent à Lyon

Le choix de confier la présidence de l’OL à Michele Kang découle en tout cas d’une forme de pragmatisme de la part des dirigeants d’Eagle Group. D’abord intégrée à l’organigramme comme simple administratrice, Kang a longtemps fait front avec John Textor au moment de remettre la main au portefeuille pour apporter les liquidités exigées par la DNCG. Idem pour ses autres investissements plus ou moins directement liés à l’avenir de l’OL dont la section féminine OL Lyonnes. Au-delà du récent rachat de l’Académie de Meyzieu pour près de 20 millions d’euros afin d’en faire le centre d’entraînement des Fenottes, Michele Kang a également négocié un contrat pour devenir le deuxième club résident du Groupama Stadium. Via les loyers versés à l’OL, la dirigeante a ainsi contribué à aider le club sur le plan financier.

Cet engagement veut dire que Kang a beaucoup à perdre en finances personnelles, si le club n’entame pas la saison 2025-2026 en L1, la 37e consécutive dans l’élite. “Si tout s’écroule, elle perd tout”, résume un connaisseur du dossier. Elle va donc devoir travailler vite et bien, dans cette période critique de préparation de l’appel devant la DNCG, alors que la décision argumentée de l’instance n’est toujours pas arrivée dans les bureaux à Décines. Un contretemps administratif qui repousse, de fait, le moment où l’OL de Michele Kang peut interjeter appel.

Daniel Riolo souligne que le maintien en Ligue 1 ne serait  pas une fin en soi pour l'OL et que le chemin est encore long – 27/06
Daniel Riolo souligne que le maintien en Ligue 1 ne serait pas une fin en soi pour l’OL et que le chemin est encore long – 27/06

Une “machine” et un bourreau de travail

En attendant cette nouvelle audience devant la DNCG, Michele Kang va devoir se préparer du mieux. Et cela tombe bien, l’Américaine a pour habitude de ne pas perdre de temps pour se mettre en action. “C’est une machine”, expliquent en chœur plusieurs personnes qui ont travaillé avec elle depuis son arrivée en France.

Et l’une d’elles, de préciser: “Si des réunions avec John pouvaient durer une heure sans aboutir sur rien, elle peut régler un dossier en cinq minutes, si cela ne mérite pas plus.”

Et quand il s’agissait de présenter leur nouvelle patronne pendant une conférence de presse, les joueuses d’OL Lyonnes utilisaient souvent les mots “motivante et à l’écoute”. Jocelyn Prêcheur, entraîneur de son équipe britannique des London City Lionesses, glissait même ces derniers jours auprès de RMC Sport: “Michele Kang veut montrer l’exemple, elle espère inspirer les autres pour qu’il y ait des gens qui rachètent les sections féminines et qui investissent dans le football féminin car elle est convaincue, et moi également, que l’on n’est qu’au début de l’essor de la discipline.”

Les moyens de ses ambitions

Sûre de son fait et de ses objectifs, Michele Kang n’hésite pas non plus joindre le geste à la parole. Ou plutôt, à sortir le chéquier si cela se justifie. Dans tous ses dossiers, la femme affiche ses moyens. Forte de sa fortune de plus d’1,2 milliard de dollars selon les estimations de Forbes, l’Américaine de 66 ans récompense ses compatriotes les plus méritantes.

Après la médaille de bronze des féminines en rugby à 7 lors des JO 2024, Michele Kang offre quatre millions de dollars à la Fédération américaine de rugby. Idem pour le soccer qu’elle a notamment soutenu via un don de près de 30 millions de dollars. Et, contrairement à certains investissements de John Textor, Michele Kang ne semble pas trop adepte des montages financiers complexes pour ces placements dans le sport.

Michele Kang indépendante et pas interventionniste

Michele Kang apprécie les défis et aime à les relever. Et celui qui l’attend à l’OL s’annonce immense. Mais avant de s’y attaquer, elle semble avoir obtenu des garanties. Comprendre que la nouvelle présidente de l’OL aura les mains assez libres en interne pour gérer le club comme elle l’entend. Une situation idéale pour une personnalité aussi indépendante que la sienne.

“Si elle s’est lancée dans ce défi, c’est qu’elle doit avoir des garanties d’indépendance, dans les statuts par rapport à John Textor”, anticipe un habitué de son fonctionnement.

“Elle n’est pas interventionniste, elle fixe les objectifs et ensuite fait confiance dans les personnes qu’elle a investies.”

En clair, Michele Kang jouira probablement d’une certaine liberté dans sa gestion vis-à-vis des autres dirigeants de l’OL. La même qu’elle offrira au secteur sportif tant qu’elle lui fera confiance. La nouvelle présidente n’incitera pas son entraîneur à faire jouer des éléments, à tout prix, afin de les valoriser en vue d’une vente en fin de saison.

Car si c’est une vraie adepte du sport business, au féminin comme au masculin, elle sait laisser travailler ses équipes, après leur avoir donné les moyens de la politique qu’elle a décidée. Le tout mené dans une forme de discrétion, loin du narratif foisonnant de John Textor. “Elle écoute, échange, synthétise et tranche, s’il le faut”, résume un collaborateur. D’ailleurs, il n’est pas programmé de conférence de presse après sa nomination. “Priorité à la préparation de l’appel”, indique-t-on à l’OL qui va donc se mettre sur des rails, plus secrets.

Plus de transparence, un espoir pour l’OL?

Malgré l’urgence de la situation, pas question de voir Michele Kang se faire dicter ses choix par John Textor. Le désormais ex-boss de l’OL a donc quitté la scène rhodanienne en “mourant avec ses idées” selon la synthèse d’une source économique qui n’a toujours pas compris l’idée directrice de l’homme d’affaires. Sauf, peut-être, à cacher la vérité. “J’espère que Michele Kang ne découvrira pas d’autres soucis que ceux pointés par la DNCG”, poursuit la même source pour RMC Sport.

Et si Kang reste une adepte de la multipropriété des clubs, à l’image de ce qu’elle met en place chez les féminines, elle le fera probablement dans une équation plus “lisible” par la DNCG que John Textor. D’autant qu’elle semble plus solide dans ses comptes, comme le murmure un expert de la chose financière lyonnaise: “Sur la place, et depuis qu’elle s’occupe des filles, je n’ai rien entendu de mal sur les factures acquittées.”

Reste la question principale: cette nouvelle incarnation de l’OL devant la DNCG changera-t-elle la vision de celle-ci, sur la viabilité de la nouvelle gouvernance? Michele Kang aime bien faire passer le message à ses équipes que “tout est toujours possible”. Plus que jamais ce leitmotiv aura besoin d’être d’actualité pour l’appel de l’OL devant la DNCG, à 46 jours désormais de la reprise de la Ligue 1. Ou à 39 jours du début de la saison de Ligue 2…

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