“C’est comme le basket mais avec moins de points”: à un an de la Coupe du monde 2026, le public américain s’est-il mis au foot?

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Les tribunes souvent clairsemées de la Coupe du monde des clubs rappellent que les Etats-Unis ne sont pas encore une grande terre de football. Malgré tout, une vraie dynamique populaire est en marche ces dernières années, et les Américains se préparent au Mondial l’an prochain.


Un hymne madrilène repris à pleins poumons, des maillots venus des quatre coins du monde… et des sifflets contre l’arbitre. À Philadelphie lors de Salzbourg-Real Madrid, on se serait presque crus en Europe. “Soit tu captes le foot, soit tu captes pas !” rigole Shev, venu de New York pour le match.

Aux Etats-Unis, il y a deux “teams” : celle des sports traditionnels US, et celle moins importante qui se passionne pour le football. “Honnêtement je crois que les Américains sont devenus plus ouverts d’esprit au reste du monde, avant il n’y avait que les sports américains qui comptaient”, se réjouit Shev.

“Un match nul, à quoi ça sert?”

Il faut dire qu’il y a un monde entre les sports traditionnels et l’envahissant “soccer”. “C’est perturbant pour les Américains. On est habitués au baseball, au foot US, au basket : à beaucoup de points!” témoigne Arthur, fan de foot et local de Philadelphie. “Quand tu entends ‘match nul”, tu te demandes à quoi ça sert? Il doit bien y avoir un vainqueur ou un perdant non? Mais les gens commencent à voir que ce sont 90 minutes d’un côté à l’autre. C’est comme du basket, mais avec moins de points”, constate-t-il avec un sourire en coin.

Ces dernières années, Arthur a converti son fils, Gavin. “Le foot prend de l’ampleur, et je fais partie de ce phénomène. J’ai commencé à regarder à partir de la Coupe du monde 2022”, se souvient le néo-fan de Lionel Messi.

“Messi, c’est le plus grand à être venu, mais pas le seul”, constate Jonathan Tannenwald, spécialiste soccer pour le journal The Philadelphia Inquirer. “Il y a eu Pelé dans les années 70, mais celui qui a ouvert beaucoup de portes c’est David Beckham. Après lui il y a eu Thierry Henry, Zlatan Ibrahimovic… on a vu beaucoup de grands joueurs.”

Les fans des Seattle Sounders face au PSG le 23 juin 2025
Les fans des Seattle Sounders face au PSG le 23 juin 2025 © Hugo Pfeiffer/Icon Sport

“Les médias américains comprennent qu’ils peuvent gagner de l’argent avec le foot”

Arrivé dans son journal local en 2006, il sait à quel point le football part de loin. “Il y a plus de lecteurs, plus d’attention, mais ce qui est le plus important c’est que les médias américains comprennent maintenant qu’on peut gagner de l’argent avec le foot, témoigne-t-il. Avant, les chefs des médias, s’ils n’aimaient pas personnellement le foot, ils croyaient que personne n’aimait. Maintenant ils comprennent que même s’ils n’aiment pas, beaucoup de gens aiment, et donc qu’il faut le couvrir.”

Lors de la première semaine de Coupe du monde des clubs, 360.000 Américains se sont installés devant TNT Sports en moyenne chaque match. C’est légèrement moins que pour une rencontre classique de Premier League durant la saison (394.000).

Un engouement attendu l’an prochain pour la Coupe du monde

Les Américains vont-ils davantage s’enthousiasmer pour la Coupe du monde l’an prochain? “Absolument, répond Jonathan Tannenwald. Il y a deux choses que les Américains aiment: le spectacle et les tournois. C’est plus difficile d’attirer l’attention sur une saison longue de foot. Un tournoi d’un mois, pendant l’été, c’est la combinaison pour attirer beaucoup de gens”, estime-t-il.

Un tournoi d’un mois, l’été, c’est déjà le cas cette année, mais avec un événement que les Américains n’ont pas tous saisis. “Les gens sont au courant pour la Coupe du monde, mais ils ne l’étaient pas pour le Mondial des clubs. Ils me disaient, mais la Coupe du monde ‘it’s next year’, et je devais leur expliquer”, avoue Mehdi, un Français vivant dans le New Jersey.

“Au boulot, c’est dur de trouver quelqu’un pour parler de foot, soupire-t-il en souriant. Je trouve que la dynamique autour du foot est moindre, mais on a un an pour changer ça!” D’ici l’an prochain il faudra aussi convaincre le public mexicain et canadien. Au Mexique, c’est déjà fait, le football arrive en terre conquise, et en terre historique de football.

Au Québec, moins de concurrence pour le football

Pour le Canada, c’est un travail en cours. “On se rapproche un peu plus du foot que les gens aux Etats-Unis. Aux USA, il y a beaucoup plus de sports, donc le foot est un peu mis de côté. Mais à Montréal, on a juste le hockey et le foot, donc il y a beaucoup plus de place”, assure Idil, qui a fait 10 heures de route depuis le Québec pour venir voir le Real à Philadelphie. “À Montréal je pense que ça peut vite devenir le sport numéro 1!” avance-t-il même, ambitieux.

“Ça se développe et il y a des joueurs de Montréal qui jouent au haut niveau en Europe, comme Ismaël Koné à Marseille (prêté à Rennes), ou Moïse Bombito (à Nice)”, confirme Karim, l’ami d’Idil.

Côté américain on compte sur Christian Pulisic à Milan, ou Weston McKennie et Timothy Weah à la Juventus, pour briller à l’international. La sélection américaine rêve de faire passer le “soccer” dans une autre dimension l’été prochain avec un bon parcours à domicile, sous les ordres de Mauricio Pochettino. Depuis son quart de finale en 2002, la sélection américaine n’a jamais dépassé le stade des huitièmes d’une Coupe du monde.

Edgar Groleau à Philadelphie

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